De la part d’un de nos contributeurs attentifs (il est fâché !)
Un argument hors de propos et fallacieux
Parmi les mauvais arguments entendus de la bouche du Président de la Région Alsace dans sa défense du projet GCO, il y en a un qui revient souvent.
Selon Monsieur A.Zeller, « l’Alsace est la région de France qui compte le moins de kilomètres d’autoroute par habitant ». Cet argument a été repris dans le dernier interview publié dans l’Express (n° 2989, octobre 2008).
Tout d’abord, cet argument qui semble appeler les alsaciens à réclamer un dû et tend à les faire apparaître comme défavorisés, n’est pas exact. Comme on peut le pressentir, la région Ile de France est largement derrière l’Alsace dans ce classement* et la région Nord Pas de Calais vient également après elle :
région |
Nb d’habitants |
Nb de km d’autoroutes |
rapport km/habitants |
Alsace |
1 794 000 |
298 |
0,000166 |
Ile de France |
11 291 000 |
594 |
0,0000526 |
Nord-Pas de Calais |
4 028 000 |
596 |
0,000148 |
Ensuite il faut admettre que ces chiffres ne font que mettre en évidence le fait que les trois régions citées sont les plus peuplées de France .
Si la région Ile de France avait le même nombre de km d’autoroute par habitant que l’Aquitaine, il faudrait construire 1296 km d’autoroutes supplémentaires dans la région Ile de France. Ce raisonnement conduit donc à une impasse.
Le rapport qui mérite d’être analysé est la densité d’autoroute par région. Il donne une idée de l’emprise écologique de ces infrastructures, de la qualité de vie et de la desserte par autoroute de l’ensemble du territoire national. Examinons ces chiffres pour l’ensemble des régions françaises (hors Corse et TOM, qui ne possèdent pas d’autoroute).
région |
superficie km2 |
Nb de km d’autoroutes |
rapport km autoroute/km2 |
Alsace |
8380 |
298 |
0,036 |
Aquitaine |
41 309 |
488 |
0,012 |
Auvergne |
26 013 |
302 |
0,012 |
Bourgogne |
31 582 |
622 |
0,020 |
Bretagne |
27209 |
30 |
0,0011 |
Centre |
39151 |
688 |
0,017 |
Champagne-Ardenne |
25606 |
523 |
0,020 |
Franche-Comté |
16202 |
345 |
0,021 |
Ile de France |
12011 |
594 |
0,049 |
Languedoc-Roussillon |
27376 |
485 |
0,018 |
Limousin |
16942 |
165 |
0,010 |
Lorraine |
23542 |
465 |
0,020 |
Midi-Pyrénées |
45348 |
501 |
0,011 |
Nord- Pas de Calais |
12414 |
596 |
0,048 |
Basse Normandie |
17589 |
155 |
0,009 |
Haute-Normandie |
12318 |
337 |
0,027 |
Pays de la Loire |
32082 |
502 |
0,016 |
Picardie |
19399 |
451 |
0,023 |
Poitou-Charentes |
25809 |
272 |
0,011 |
Provence-Alpes-Côte d’Azur |
31400 |
751 |
0,024 |
Rhône-Alpes |
43698 |
1183 |
0,027 |
Ce tableau permet de mettre de nouveau en évidence que l’Alsace, avec le Nord Pas de Calais et l’Ile de France, présente les caractéristiques de régions à forte densité de population avec un impact nettement plus important des infrastructures sur l’environnement et une empreinte écologique plus élevée que pour la plupart des régions françaises.
L’Alsace est une région à forte densité de routes et d’autoroutes.
Ces chiffres sont des signaux indicateurs de l’évolution de nos conditions de vie avec la dégradation du milieu naturel et agricole dans les régions concernées. Un tableau semblable peut être fait pour les routes départementales, dont le réseau est plus développé dans les régions à fort peuplement.
L’addition de ces facteurs indique la nécessité de veiller à conserver un impact limité des infrastructures dans les régions peuplées pour les conditions futures de vie de leurs habitants.
En aucun cas, le nombre de km d’autoroute par habitant constitue un paramètre pertinent pour l’aménagement du territoire.
*Toutes les données sont prises dans la dernière mise à jour (mai 2006) de l’Atlas de la France et de ses régions, Patrick Mérienne, éditions Ouest-France