Les biocarburants en question ?

Y a-t-il un avantage environnemental à produire et alimenter nos moteurs aux biocarburants ? Selon les experts et les diverses sources d'information, les bilans énergétiques nets (entre ce qu'ils coûtent en énergie fossile et l'énergie restituée) ne sont pas convergents. Certaines cultures (le blé, la betterave) demanderaient quasiment autant d'énergie nécessaire pour les intrants (engrais...), la culture et la distillation que ce qu'elles substituent.
Le bilan est toutefois, pour tous les spécialistes, en faveur de l'éthanol. D'ailleurs, d'aucuns oublient généralement de tenir compte de la consommation (importante) de CO2 de la culture elle-même, celle du maïs en particulier.

Les avis sont moins partagés pour la production de carburants à base d'huile végétale. Un colza restituerait deux à trois fois ce qu'il a demandé pour être produit. Le tournesol plus de trois fois plus. Second intérêt écologique de l'huile végétale pure : elle ne produit pas de dioxyde de soufre et rejette beaucoup moins de CO2 que le gasoil. Troisièmement, sa production, son transport et son stockage ne présentent pas les risques propres aux produits pétroliers puisqu'elle est biodégradable et, par définition, dépourvue du moindre soupçon de toxicité (l'huile de colza et de tournesol sont comestibles). Enfin, s'agissant d'une culture, cette énergie est renouvelable.
Sur le plan économique, la destination d'une partie de la production des céréales vers un usage non alimentaire n'est pas, pour l'heure, un facteur d'augmentation des prix du blé en France. Les tensions que l'on observe, au niveau mondial, sont d'origine multifactorielle (les conditions climatiques y jouent un rôle déterminant avec l'accroissement de la demande des pays asiatiques).
Le prix payé par le marché influence les choix de vente des producteurs, privilégiant ainsi les débouchés alimentaires. La déforestation, évoquée à juste titre, est un mal propre aux pays d'Amérique latine alors qu'en France la forêt a progressé de 10 % au cours des dernières décennies.
La production de céréales à des fins non alimentaires ne modifie pas les méthodes culturales en Alsace et, notamment, n'accroît pas l'utilisation d'engrais ou de produits de protection de la santé des plantes.
Dans le Haut-Rhin, moins de 50 % des surfaces en maïs sont traités contre la pyrale, la lutte biologique par les trichogrammes se développe, les plans de fertilisation sont la règle... La destination d'une partie de nos céréales vers les usages non alimentaires n'y changera rien.

Dès lors, pour une France importatrice de pétrole et de gasoil et exportatrice de céréales, dans un contexte de risque d'instabilité du marché international de l'énergie, la raison nous dicte une analyse objective par une prise en compte de toutes les contraintes, économiques, politiques et sociales, sans bien entendu négliger le bilan environnemental.