Camions en transit : l'Alsace sacrifiée

« Encombrements, camions, bruit, pollution... De nombreux citadins n'en peuvent plus et certains s'imaginent qu'en déplaçant une partie de ces nuisances à la campagne, on résoudra leurs problèmes. Mais bien des villages concernés par le projet de GCO ont déjà leur part de ces nuisances. Aussi, ne serait-il pas moins égoïste de se battre tous ensemble pour les réduire et mettre enfin en place une politique de maîtrise des flux routiers, la seule cohérente avec les enjeux énergétiques, climatiques et de santé publique ?
Le GCO, de surcroît, ne répond pas aux objectifs qu'on lui a assignés. Une expertise indépendante, accordée et financée par le préfet à notre demande et alimentée par les chiffres de l'Equipement, le démontre. Le GCO ne prendra que 6% du trafic journalier de l'A35, ce qui sera rattrapé en deux ou trois ans par la croissance naturelle du trafic. Il sera cédé à un concessionnaire privé et financé par un péage. Le besoin de rentabilité de cette concession ira à l'encontre de toute politique de maîtrise du trafic ou alors, c'est l'argent public qui viendra renflouer -comme ce sera probablement de toute façon le cas- les caisses du concessionnaire.

En analysant les flux de grand transit, l'expert constate que le GCO n'est pertinent pour aucun d'entre eux, sauf le flux Nord-Est/Sud, c'est-à-dire celui qui se reporte chez nous depuis la mise en place de la taxe allemande LKW-Maut. Pour les flux de grand transit, l'expert ne peut que constater que le véritable barreau manquant dans le Bas-Rhin est l'axe Saverne-Molsheim. Nous ne le suivrons pas sur ce dernier point car nous estimons que ni l'Alsace, ni la France, ni l'Europe ne peuvent se permettre de favoriser éternellement le fret routier et accepter sa croissance continue.
Selon l'expert de TTK, la solution pour Strasbourg passe par un réaménagement de la partie urbaine de l'A35 par séparation des flux. Sur les 200 000 véhicules qui empruntent chaque jour l'A35, 100 000 (Nord-Sud) ne font que passer au droit de Strasbourg et 100 000 autres (radiaux) veulent entrer dans Strasbourg. Des aménagements séparant ces deux flux résoudront bien mieux que le GCO le problème de saturation de l'A35, tout en donnant du travail aux entreprises locales de BTP. Bien d'autres idées et propositions ont été avancées par notre collectif qui demande l'ouverture d'un vrai débat démocratique sur ces aspects, ainsi qu'un moratoire sur le GCO, car une fois celui-ci réalisé, et sa non-pertinence constatée, il sera irréversible.

Nous organisons une manifestation ce samedi 10 juin à Strasbourg. En complément avec la manifestation, l'enquête publique qui vient de commencer et se terminera le 13 juillet doit elle aussi permettre de dénoncer cette aberration. En nous battant pour une vingtaine de villages de la Bruche, du Kochersberg et de la Zorn, nous favoriserons l'indispensable prise de conscience qui permettra de sauver Strasbourg et l'Alsace. Car enfin, que veut la grande majorité de nos concitoyens ? Moins de bouchons et moins de camions. Or, le GCO ne réduira pas les premiers et augmentera les seconds ».